THE SOPRANOS : ROAD TO RESPECT
- arnaudhallet
- 20 avr.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 mai
7 Studios, PS2, 2006

MADE MEN
Et si ce fameux écran noir final, ce fondu au néant qui a retourné la télévision en 2007, n’était qu’un vulgaire temps de chargement ? Pas une ellipse métaphysique, pas une fin ouverte, pas même une balle dans la tête. Juste un vieux loading screen, bloqué à 91% pour l'éternité. Un gouffre prêt à faire surgir la gueule désillusionnée de Paulie Gualtieri, figée dans une cinématique d'outre-tombe, polygonée comme un gangster bouffi aux fucking ziti. The Sopranos: Road to Respect n'a plus rien des Sopranos, adapté par 7 Studios, de sombres Californiens spécialisés dans les adaptations foireuses des années 2000 : Charlie’s Angels, Napoleon Dynamite, George de la Jungle, Les 4 Fantastiques. Mais la rencontre des Sopranos et du jeu vidéo, c’était déjà une prouesse technique en soi, dans cette scène où Tony joue à Mario Kart 64 avec son fils, une seule main agrippée à la manette. Sorti en 2006, coincé entre les saisons 5 et 6, le jeu fait le doux pari de nous mettre dans la peau de Joey LaRocca — un nobody inventé pour l’occasion, fils illégitime de Pussy Bonpensiero. Parfaite figure pâle pour naviguer dans des couloirs grisâtres et des salons vides, bastonner des types au regard vide, cogner sans distinction cracked, videurs ou gangsters amorphes. Le jeu tente un coup de gameplay : êtes-vous plutôt langue de velours ou poing dans la gueule ? En pratique, tous les objets y passent pour se défouler : haltère, frigo, tabouret, urinoir. Le rêve mafieux, sorti de son écrin HBO, n'est qu'une mauvaise simulation, avec très peu de cerveau et beaucoup de cervelle. La console a soigneusement effacé tous les personnages féminins. Carmela, Adriana, Meadow, Jennifer Melfi, toutes évaporées. L'écran noir, c'était cette galette PS2 qui peinait à charger, ce monde qui n'aurait pas voulu voir le jour : un jeu d'action raté qui ne prend en charge aucune angoisse existentielle. Où tout le monde se frappe, mais où plus personne ne souffre.
Arnaud Hallet

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