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LE CLAN DES BÊTES

  • Photo du rédacteur: arnaudhallet
    arnaudhallet
  • 22 avr.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 mai

Christopher Andrews


BÊTE DE SAIGNE


Barry Keoghan revient en Irlande, trois ans après Les Banshees d’Inisherin. Il revient aussi auprès des animaux, après le très beau Bird d’Andrea Arnold, en début d’année, où il maltraitait un crapaud sous karaoké pour en extraire une bave hallucinogène. Ici, il mutile des moutons. C’est aussi un autre personnage, joué par Christopher Abbott, qui revient, lui, toujours à la cuisine, comme un hub, auprès de son vieux père installé derrière un tout aussi vieil ordinateur, pour des séquences en gaélique. Langue qui vire aux incantations divinatoires lors d’une scène de nuit, éclairée à la seule la lumière bleue des lampes de poche, où les mots deviennent une sorcellerie. Quelques ondes vibrantes donnent aux collines d’Irlande, pour quelques jolies secondes, des airs de nappes spatiales. Sorcellerie, comme on verrait un gardien de troupeau biblique, avec ses bêtes encrées de bleu et de rose. Du bétail pour marchandise, moyen de faire du blé. Rien, pourtant, de très sorcier, finalement, dans Le Clan des bêtes. Plutôt l’inverse : anti-magicien au possible, avec le bruit des bottes sur le gravier et le son des branches qui cassent. Très terre à terre, aurait-on envie de dire, dans sa manière d’être. Un thriller d’infiltration en troupeau, qui mène à la baguette, et qui montre donc les hommes être aussi violents avec les animaux qu’avec les femmes. Et quand, en son centre, le film recommence, pour changer de point de vue, c’est pour dire la même chose : que le sentiment de domination masculine est inchangé, répété, guidé. Orienté jusqu’à l’enclos. Les hommes ne peuvent pas penser autrement qu’en mutilant : pattes arrachées des brebis, visage défiguré des femmes. À un moment, un jeune con apporte un mouton fraîchement mort pour le vendre avec, comme argument massue, l'idée de pouvoir en faire du boudin noir. Une méconnaissance qui raconte quelque chose. Ne pas savoir quel animal est dans quelle recette : indifférence, violence. Pourtant, ni le regard des bêtes, ni celui des femmes, ne semble émerger. À part, peut-être, dans le dernier plan, qui serait possiblement dans l’œil d’un mouton. Au ras du sol, à ne rien pouvoir faire d’autre que regarder celui qui terrifie.


Arnaud Hallet


Le Clan des bêtes de Christopher Andrews, en salles le 23 avril 2025


Comentarios


Naomi te regarde brûler. Naomi parle mal, mais aime bien. Naomi flotte dans un glitch. Naomi a fini le jeu.

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