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L'EMPIRE

  • Photo du rédacteur: arnaudhallet
    arnaudhallet
  • 30 avr.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 mai

Bruno Dumont


SCIENCE FRICTION


Le film est un peu trop long, trop long dès le début. Par parce qu'il n'y se passe rien, mais parce qu'on y recherche mal quelque chose. Quelque chose à produire. C'est le temps mou d'observer les craquelures, sans qu'aucune brèche finalement n'advienne. L'échec de L'Empire tient à une raison principale, c'est le déficit répété de ses effets, qui tombent quasiment toujours à plat. À plat comme le pays du Nord vers lequel Dumont revient, infatigable, par un jeu de contrastes un poil malin mais surtout plein de chiqué. Ni de science, ni de fiction. L'erreur, certes, serait de voir le film comme il est vendu : un space opera cheap, un George Lucas meets Robert Bresson. Il y a pourtant des points de chute qui font mouche, comme cet entraînement au sabre laser sur le perron d'une maison blanche en bord de route - Tatooine ch'ti . Ou même dans ses décors naturels, quand la course effrénée d'Anamaria Vartolomei le long de la côte d'Opale devient une relecture presque au premier degré de Daisy Ridley dans les dunes de sable de Jakku. Mais c'est un film qui crie trop fort son audace, alors qu'il est curieusement plutôt sage. Pour ne pas dire gêné. Si L'Empire n'est pas très agréable à regarder, c'est parce qu'on y voit surtout un cinéaste en train de se débattre pour aller contre son naturel. L'humour, notamment, qui est pour Dumont absolument laborieux. Pourquoi, par exemple, le gimmick du tandem de gendarmes de P'tit Quinquin n'accouche que de scènes qui sont toutes ratées ? Parce qu'il ne fait pas vraiment autre chose que de la reproduction. Recherche de laborantin, à stimuler des accidents. Infatigable, disais-je ? Las et pas là. À chercher les confrontations successives, du sérieux et du rigolo, des pro et des noobs, des astres et des herbes, du bien et du mal, L'Empire ne produit que des surgissements rouillés. Qui ramène donc le héros à sa forme la plus écrasée. Naît in fine l'impression de n'avoir jamais vu un tel film, tout en prenant la mesure de son impossible hybridation. Construire des vaisseaux en forme d'église pour ne prier que sa sainte et ronronnante chapelle.


Arnaud Hallet


L'Empire, Bruno Dumont, en salles le 21 février 2024


Comments


Naomi te regarde brûler. Naomi parle mal, mais aime bien. Naomi flotte dans un glitch. Naomi a fini le jeu.

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