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KINDS OF KINDNESS

  • Photo du rédacteur: arnaudhallet
    arnaudhallet
  • 28 mai
  • 2 min de lecture

Yórgos Lánthimos


SERVICE CONTINU


Kinds of Kindness est une bête froide, carnivore, à trois têtes – un triptyque autour de l’estomac, avec beaucoup de foie. Ce foie qu’Emma Stone se découpe. Bouffer, ici, c’est obéir. La forme de soumission suprême : manger tout ce qui passe sous la main, de peur que les aliments manquent. Donc, manger les autres. Le cannibalisme est un bijou en toc. Avec son diamant échancré, évidemment : le foie. L’organe de la colère, de l’irritabilité, de la rage. On a voulu faire de Lánthimos un gestionnaire grinçant des émotions (ses acteurs et actrices sont toujours très bons). Il serait peut-être plus juste de le voir en tant que ratatouilleur (quelle cuisson ?) ou taxidermiste (avec ou sans vitrine ?). C’est le corps inerte d’Emma Stone en pantin désarticulé. C’est cette raquette de John McEnroe, rigidifiée dans sa frustration, muséifiée. La place de la colère est dans une étagère. À la vue de tout le monde, mais impalpable. C’est le mirage de Sweet Dreams d’Eurythmics qui ouvre le film, puis la réalité des notes arides de piano qui bégaient tout le reste. Le retour de Lánthimos à une forme moins bouffie est un programme de restauration : revenir au muscle sec, découper les nerfs, avaler le sang, buffet froid. Les personnages ne mangent pas pour survivre, mais pour exécuter une commande, répondre à un protocole de soumission et d’emprise. Gestionnaire des émotions, mais aussi des désirs malades, dans un théâtre de chairs tordues. Jambes, poignets, œil, front, pattes. Ballet de membres pétés. Au milieu du générique de fin, le film revient pour nous dire que le ketchup tache encore plus que le sang. C’était bien la peine de tuer pour manger.


Arnaud Hallet


Kinds of Kindness , Yórgos Lánthimos, en salles le 26 juin 2024.


Commentaires


Naomi te regarde brûler. Naomi parle mal, mais aime bien. Naomi flotte dans un glitch. Naomi a fini le jeu.

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