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10 QUESTIONS À VALENTINE CADIC

  • Photo du rédacteur: arnaudhallet
    arnaudhallet
  • 7 juin
  • 4 min de lecture

Avez-vous appelé votre film Le Rendez-vous de l'été parce que Les Rendez-vous de Paris était déjà pris par Éric Rohmer ?


À l'origine, le film s’appelait Les Jeux, mais nous avons changé le titre car le Comité olympique, qui nous a autorisé à utiliser les images des JO, ne voulait pas que les spectateurs croient que le film était un film officiel. C’est par la suite que des journalistes ont fait le lien avec le titre du film de Rohmer. Mais non, je n’y avais pas pensé ! 


On retrouve Blandine Madec, que vous aviez déjà dirigée dans votre court Les Grandes Vacances. Qu’est-ce qui vous attache autant à sa présence ?


J’avais adoré travailler avec Blandine, et j’ai immédiatement pensé à elle, dès l’écriture du personnage du long. Blandine apporte beaucoup à sa construction et savoir qu’elle l’interprèterait m’a beaucoup aidée dans l’écriture. Je voulais aussi travailler avec des acteurs et actrices à l’aise avec l’improvisation, pour certaines scènes qui demandaient forcément de s’adapter aux événements que nous vivions en direct. 


Pourquoi votre héroïne est-elle passionnée de natation, et non de tir à l’arc ou d’escrime ?


Je voulais que le personnage aime avant tout une sportive. C’est la rencontre avec Béryl Gastaldello qui nous a confortées, avec Mariette Désert, ma co-scénariste, dans l’idée qu’elle suivrait la natation. Je me suis aussi rendue compte que la natation est un sport assez solitaire, ce qui colle bien au personnage. 


On aurait tendance à vous situer dans la lignée de Jacques Rozier, puis de Guillaume Brac. Ce sont des cinéastes qui comptent pour vous ?


Guillaume Brac a été mon professeur à l’université Paris 8, où j’étais étudiante, lors d’un atelier d’écriture. C’est à la suite de cet atelier que j’ai écrit mon premier court métrage. J’aime beaucoup son cinéma et je connaissais déjà ses films avant de le rencontrer. Il m’a vraiment soutenue et encouragée à réaliser et à écrire. C’est très précieux quand on commence, car on ne se sent pas toujours légitime. Je n’ai pas vu tous les films de Rozier, ni de Rohmer d’ailleurs, mais certains m’ont vraiment marquée. Il y a aussi des réalisatrices comme Agnès Varda, Justine Triet ou Chantal Akerman qui ont beaucoup compté lorsque j’ai découvert le cinéma.


Le Paris que vous filmez est naturellement métamorphosé pour l’occasion, mais vous en tirez quelque chose de très fort dans les couleurs. On garde le souvenir d'un film multicolore. 


Avec Naomi Amarger, cheffe opératrice du film, nous en avons beaucoup discuté en amont du tournage. Nous voulions que le spectateur ressente la chaleur et les couleurs vives. Les photographies de Martin Parr sur les touristes et vacanciers ont été une grande source d’inspiration. 


Pour vous, les Jeux Olympiques sont désormais à jamais associés au souvenir d’un tournage de cinéma plutôt qu'à un événement sportif ?


L’évènement sportif était lié au tournage mais il y a beaucoup de choses qui ne sont pas dans le film. Et nous avons aussi beaucoup tourné en dehors des JO. Ce qui m’a liée aux compétitions en tant que telles, c’est quand nous suivions le parcours de Béryl. Avec l’équipe nous regardions toutes ses compétitions et elle a fait de très beaux Jeux, a énormément nagé et participé à toutes les finales. C’était très impressionnant de la suivre et elle nous a un peu fait vivre l’événement comme des supporters quand nous ne filmions pas ses compétitions. 


Quel a été pour vous le moment le plus marquant de ces JO ?


Les images n’ont pas été gardées au montage mais nous filmions dans une fan zone à Jaurès au moment de la cérémonie d’ouverture. Je ne m’attendais pas à une cérémonie aussi spectaculaire. Je me souviens d’un plan que nous faisions sur une jeune femme qui pleurait de joie, au moment où Céline Dion chantait. Nous étions sous la pluie, en équipe réduite, et j’avais les larmes aux yeux en regardant cette femme sur mon petit retour. C’était aussi le début de notre aventure, c’était très émouvant. 


Si on vous proposait de réaliser un nouveau film au cœur des JO de Los Angeles dans trois ans, vous diriez oui ?


Je commence l’écriture d’un nouveau film et les JO ne sont pas au programme ! Mais je serais très curieuse de voir des films avec le même dispositif qui se tourneraient à Los Angeles. 


Les cinéastes sont-ils aussi des athlètes ?


Non. Les quelques points communs sont que ce sont des métiers où le collectif est important, des métiers également incertains, marqués par les doutes et les incertitudes. Mais au moment où les cinéastes commencent à travailler professionnellement, c’est le moment où les athlètes sont plus ou moins en fin de carrière. Nous ne sommes pas du tout confrontés aux mêmes enjeux. 


Si Le Rendez-vous de l’été devait être présenté en séance double, quel film aimeriez-vous voir projeté avant ou après ?


J’ai récemment découvert le travail d’Adele Tulli, une réalisatrice italienne de documentaires. J’ai adoré son film Normal que j’ai découvert sur Tënk, la plateforme du documentaire en ligne. Son film questionne le genre et la norme dans la société, ce sont des sujets qui m’intéressent particulièrement. Il y a une vraie tendresse dans son regard pour les personnes qu’elle filme, tout en montrant une société très violente, normée et souvent absurde. Peut-être que les deux films pourraient se répondre ! 


Propos recueillis par Arnaud Hallet en juin 2025


Le Rendez-vous de l'été de Valentine Cadic, en salles le 11 juin 2025

Commentaires


Naomi te regarde brûler. Naomi parle mal, mais aime bien. Naomi flotte dans un glitch. Naomi a fini le jeu.

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