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10 QUESTIONS À ARIANE LABED

  • Photo du rédacteur: arnaudhallet
    arnaudhallet
  • 29 mai
  • 3 min de lecture


Trois mois après la sortie de votre premier long, September & July, que ressentez-vous en repensant à cette aventure ?


Je le savais déjà mais je le pense toujours : j'ai eu une chance folle de travailler avec des personnes fabuleuses. Des productrices, aux actrices, au directeur de la photo... C'est un tel privilège que des personnes soient prêtes à se lancer dans une aventure avec vous, pour vous aider à construire une vision. Je ne les remercierai jamais assez.


Il y a quinze ans, on vous découvrait dans Attenberg, où le corps semblait chercher une langue nouvelle. Qu'est-ce qui remonte à la surface quand vous repensez à cette première mue d'actrice ?


Attenberg reste à ce jour mon film préféré. Si je n'avais pas rencontré Athiná-Rachél Tsangári, je n'aurais pas fait de cinéma. C'est sa vision, son approche, qui m'ont fait comprendre que je pouvais avoir une place dans le cinéma. Avant cela, je ne m'intéressais qu'à la danse et au théâtre. Mais ce rapport au corps, ce type de représentation féminine qu'elle proposait, était exactement ce que je cherchais moi-même sur scène.


Est-ce que le cinéma vous a transformée ?


Oui, sans doute. Il nous transforme toustes. Déjà en tant que spectateur.ices. Maintenant, j'essaie, de ma place, de transformer le cinéma.


Il y avait seulement six réalisatrices présentes cette année à Cannes. Le discours ambiant aime à répéter que les lignes bougent. Est-ce vraiment le cas ?


Il y a beaucoup à faire pour que les choses changent. Et il ne s'agit pas seulement du genre. Le cinéma reste blanc et bourgeois et nous avons toustes besoin de nouveaux récits.


Estimez-vous être habitée par une forme de révolte ?


Oui.


Sois-belle et tais-toi de Delphine Seyrig est un film auquel je pense régulièrement, presque quotidiennement. Vous l'avez évoqué dans une interview récente. Qu'est-ce que ce manifeste fait résonner en vous, dans votre pratique d'actrice, de réalisatrice, en tant que femme ?


Ce film est très important. Et malheureusement, si on le refaisait aujourd'hui, les réponses resteraient plus ou moins les mêmes. Je mets à l’œuvre, dans mon travail d'actrice et de réalisatrice, une approche que j'espère différente de ce que les hommes ont fait en termes de représentation des femmes. Sortir du fantasme, parler de notre place. C'est une lutte contre le patriarcat et c'est à l’œuvre dans mon quotidien.


Quelle représentation de la sexualité, dans toute l'histoire du cinéma, vous a particulièrement marquée ?


Je, tu, il, elle de Chantal Akerman. C'est une des plus belles scènes de sexe que j'ai vues.


Vous devez vivre, aimer et mourir dans un film, en vous glissant dans la peau d'un de ses personnages. Où iriez-vous ?


Dans les films que j'aime, on vit plutôt mal, on aime plutôt mal, on meurt plutôt mal. Donc l'idée d'être bloquée dans une fiction ne me ravit pas. Mais je peux m'imaginer passer du temps avec les Petites marguerites de Věra Chytilová.


Comment fait-on pour passer de Philippe Grandrieux à Assassin's Creed ?


C'est la beauté du métier d'acteur.ice. On se réinvente. On apprend des langages différentes, on vit des expériences différentes. Et en l’occurrence, pour ces deux films, la joie passe par le corps. C'est très exigeant physiquement et j'aime beaucoup ça.


Qu'avez-vous désappris avec les années ?


À ne pas essayer de plaire aux hommes.


Propos recueillis par Arnaud Hallet en mai 2025.

Comments


Naomi te regarde brûler. Naomi parle mal, mais aime bien. Naomi flotte dans un glitch. Naomi a fini le jeu.

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